On peut commencer par suivre les étapes chronologiques et
distinguer les « générations »
qui se succèdent à travers le Siècle d'Or.
En mettant à part Pantoja de la Cruz, dont la présence
ici rappelle les sources au XVIe siècle de la
tradition du portrait de cour, il serait facile de distinguer une
première génération qui jette les bases d'un
naturalisme modéré, avec E. Cajes et P. Orrente à
Madrid, F. Ribalta à Valence, J. Roelas et F. de Herrera
l'Ancien à Séville, naturalisme parfois interprété
de manière partiale sous l'effet d'une mode ténébriste,
venue du Caravage et diffusée notamment par Ribera.
La
deuxième génération, celle qui arrive à
sa maturité dans les années trente, maîtrise
parfaitement cet héritage qu'elle gère avec une
ambition de monumentalité silencieuse et d'austérité
raffinée, comme Zurbaran ; ou avec une nuance de classicisme
élégant, comme A. Cano , ou avec une éblouissante
connaissance des ressources propres à la peinture pure,
qui permet à Velazquez d'atteindre à un universalisme
échappant à toute catégorie stylistique préétablie.
Si, parallèlement, le naturalisme résiste bien, particulièrement
en dehors de Madrid, avec A. del Castillo Saavedra, à Cordoue,
ou J. Espinosa et V. Salvador Gomez à Valence, on voit apparaître,
à partir de 1640, avec A. Pereda, les premiers symptômes
d'une évolution qui, sous l'influence des Flandres (les Rubens),
de Venise et Bologne, entraîne la peinture espagnole vers
un baroque parfois fougueux, souvent coloré, toujours très
décoratif, avec J. Carreño de Miranda, F. Camilo,
J. A. Escalante, Cl. Coello... Il faut faire une place à
part aux deux artistes contemporains qui se placent à deux
pôles opposés du courant baroque : B. E. Murillo qui
en représente les aspects sensibles et réalistes et
J. de Valdes Leal, qui insiste sur les tendances dramatiques et
s'abandonne à un expressionnisme détaché de
toute référence aux normes de la beauté académique.