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Architectures modernes

 

S’il y a bien à Montevideo des exemples remarquables d’architecture rationaliste, la majorité des réalisateurs ont montré leur prédilection pour les modalités de l’architecture moderne qui impliquaient un moindre degré d’abstraction, comme l’expressionnisme hollandais et l’expressionnisme allemand. Cette option en faveur de l’ornement se traduit en outre par la grande quantité d’édifices inspirés par l’Art Déco français, comme par ses deux variantes d’origine nord-américaine, celle des gratte-ciel new-yorkais et celle de la « streamline » d’inspiration navale. Entre 1925 et 1930, notre Art Déco reçut un accueil très large au niveau populaire, au grand dépit de ces architectes qui ne le considéraient pas comme une manifestation moderne et voyaient ainsi la ruine de leurs efforts en vue de changer le goût d’un public habitué à l’architecture historicisante.

En ce sens, on peut dire que l’appui définitif à l’architecture moderne est venu de l’état uruguayen, lorsqu’il l’a adoptée pour de nombreux édifices publics, construits dans les années trente et quarante. Cette adoption n’a pas été purement mimétique, mais elle s’est traduite par une reformulation et une association des éléments modernes au mode d'ordre classique de construire et au concept académique de caractère.

Un autre aspect remarquable de l’architecture moderne de Montevideo réside dans le respect avec lequel elle s’est intégrée dans le tissu de la cité traditionnelle. Le soin avec lequel les premiers édifices modernes furent reliés à leurs voisins de style traditionnel, représente une différence substantielle par rapport aux exemples européens plus orthodoxes. Pourtant, ces architectes qui, en dehors de la pratique constructive, abordèrent aussi la planification urbaine, firent preuve d’une attitude contradictoire en intégrant, dans l’élaboration des plans d’urbanisme pour Montevideo, le concept moderne d’un refus total de la ville traditionnelle. Cette méthode moderne de planification devient évidente vers 1955, lorsque, dans le cadre du Plan directeur, on construisit des unités d’habitation, pour lesquelles le bloc de maisons, « manzana », l’unité de base dans le tissu urbain traditionnel, fut remplacé par des édifices de logements aux formes massives.